Trans'quadra : première régate
PREPARATIFS :
Tout d’abord il faut remonter le bateau de La Rochelle (son camp de base) jusqu’à La Trinité-sur-mer fin août.
Ce convoyage a été épique… vent fort de face et mer hostile… escales forcées aux Sables d’Olonne puis à Belle-Île… Grand-voile déchirée et inverseur de moteur hors service, forçant Tangi à faire une manœuvre de virtuose dans le petit port exigu du Palais de Belle-Ile, à la voile…
La solidarité des gens de mer est en marche. Les autres bateaux aident pour ne pas abimer le bateau et des pécheurs voisin qui s’y connaissent en moteur font une réparation de fortune. Merci Belle-Île pour ce bel accueil aux gens qui ont aidé et protégé notre beau bateau !
Après 3 jours de navigation difficile le bateau arrive enfin à la Trinité et nous avons une semaine avant la course pour faire les réparations.
J-1 : Vendredi 4 Sept, on se retrouve avec Tangi pour préparer notre bateau.
Tangi plonge nettoyer la carène pour que l’on glisse mieux sur l’eau.
On vide le bateau des voiles inutiles (pour gagner du poids…)
On prépare la navigation, identifie les zones délicates, les passages clés.
Les temps est au beau mais les fichiers météo diffèrent selon les sources… casse-tête pour notre stratégie…
Petit dîner de crêpes avec nos copains et néanmoins concurrents du bateau WANTED qui est un grand animateur de notre groupe d’entrainement de La Rochelle. Davy le skipper a déjà fait la transat en solo et a une grosse expérience. Il nous raconte ses péripéties, de nuit, pris dans un fort coup de vent et une mer démontée au milieu de l’Atlantique, il déchire son spi et son bateau reste couché sur l’eau pendant 1 heure avant de pouvoir remettre tout en ordre. On adore parler de toutes ces anecdotes, cela nous aide à nous préparer en gagnant un peu d’expérience et en essayant de visualiser les situations que l’on devra certainement affronter… ça fait un peu froid dans le dos… mais surtout, ça nous motive !
Bon gros dodo dans le bateau mais Tangi trouve nos couchette un peu dures… on doit travailler notre « confort » en mer pour être plus forts et plus efficaces dans nos quarts. On profite du calme car la nuit suivante sera moins reposante.
Jour J :
Réveil, petit ravitaillement et grand départ !
La sortie du port de la Trinité jusqu’à la zone de départ est toujours un spectacle magnifique mais ce matin, c’est encore plus beau avec plus de 100 bateaux qui glissent vers la bouée du Treho dans le soleil levant. On croise des copains, dernières petites blagues avec nos concurrents pour essayer de se décontracter et leur mettre la pression. Salut Paulo
Le parcours N°3 et annoncé par le comité de course :
Sortie de la baie de Quiberon
Enrouler Belle-Île que l’on doit laisser à tribord.
Longue remontée vers l’île de Groix que l’on doit laisser aussi à tribord.
Puis refaire encore le même tour de ces 2 îles : Belle-Île puis Groix.
L’arrivée sera après ces 2 grands tours à l’entrée de Lorient. (Au petit matin on l’espère…)
LA COURSE :
10h, le coup de canon retentit annonçant les 5 minutes avant notre départ. On doit partir sous spi, c’est un départ qui s’annonce difficile. Apres mures réflexions et échanges avec Tangi on décide de partir au « milieu gauche » de la ligne, au vent de paquet de gauche et loin sous le vent du paquet qui va s’agglutiner au comité.
Bien placé… encore 40 secondes… on hisse le spi… j’estime que l’on a 7 à 8 sec d’avance et donc je freine comme je peux… puis on lance le bateau et on franchit la ligne pleine bourre, spi gonflé. Très bon départ, on glisse bien et on traverse la baie de Quiberon très concentrés.
Nous arrivons sur la première bouée du passage de la fameuse Teignouse qui nous ouvre les portes de la haute mer.
On est 3ème, derrière notre copain Olivier sur son AILLEAU (qui a gagné une course le WE avec bcp d’avance… le duo à battre) et un autre bateau (CORUM).
Juste derrière nos copains Paulo et son fils sur CIAO CIAO (le tenant du titre), Léon (du maitre JPK lui-même), Gérard sur BLUE SKIES, Stéphane sur son célèbre WASABI 2, Davy sur WANTED… et 117 autres sont dans notre sillage avec une seule idée en tête… alors qu’on les croyait nos amis, ils ne pensent qu’à nous doubler.
La bataille commence… 2 petits empannages pour se recaler et aller chercher un courant plus favorable et on gagne 1 place.
On enroule la bouée 2ème à 5m derrière Olivier.
Petit zig-zag entre les bouées du passage de la Teignouse, on fait attention au courant très forts dans cette zone, puis direction la pointe sud de Belle-Île (bouée des galères).
On profite un peu du spectacle magnifique. Soleil et ciel bleu, mais SUTOUT presque tous les bateaux sont derrière. 117 bateaux (sur les 118) remplissent l’horizon derrière nous, c’est super beau et ça fait plaisir ! Seul Olivier sur son JPK 10.80 résiste à nos attaques et on enroulera la bouée des Galères à 5 mètres derrière lui… ça promet… la nuit sera longue… on dirait qu’il a décidé de ne rien lâcher… nous non plus d’ailleurs
On décide une manœuvre délicate pour essayer de gagner quelques mètres : « Spi dans Spi ». On doit interchanger notre grand spi SYMETRIQUE Bleu pour notre spi ASYMETRIQUE blanc pour pouvoir remonter au plus court le long de Belle-Île que l’on doit laisser à tribord (laisser à droite et enrouler par la gauche).
En double, tout est dans la préparation. On positionne tout au centimètre près, on hisse le 2ème spi Blanc à l’intérieur du grand bleu puis on affale ce dernier. Manoeuvre super réussie qui nous permet de regagner quelques mètres sur Olivier avec qui nous somme bord à bord. Mais lui a choisi de mettre son CODE ZERO et il nous « dépose » avec notre Asymétrique… bigre de bigre… petite erreur qui nous coute 30 m… il s’échappe, mais nous enroulons Belle-Ile en 2ème position, rien n’est joué…
On longe la côte sauvage de Belle-Île. C’est magnifique avec ce ciel bleu, la mer verte, les plages dorées et les célèbres falaises de Belle-Ile qui porte vraiment bien son nom. (Et c’est un gars de l’Ile de ré qui vous le dit !)
Mais pas le temps de faire des photos… on se bat toujours car le vent est perturbé par cette ile assez haute. Je profite des dernières bornes 4G de Belle-Île pour aller télécharger les nouveaux fichiers météo et faire tourner quelques routages. Le long bord de près jusqu’à Groix offre des possibilités d’attaquer par la gauche pour par la droite… mais il ne faut pas se tromper…
On choisit d’aller plutôt à gauche qui se révélera un bon choix par rapport à nos copains Paulo, Gérard, et Stéphane qui ont « mangé sévère » à droite.
Olivier creuse devant nous car il va plus à gauche que nous et profite de la bascule de vent …
Avec le recul, on a été un peu timides, on aurait dû aller plus loin à gauche… c’est souvent une erreur que je fais car je veux un peu trop rester en position de contrôle… cela fait 3 fois que l’on perd en 2 mois à cause de ce genre d’erreur… va falloir s’améliorer !
Le vent est assez soutenu en ce début d’après-midi et on choisit d’essayer notre nouveau foc (petit J2 spécial transat). On marche bien au début quand le vent est soutenu mais le vent faiblit plus vite que prévu… et on se retrouve sous-toilé… on perd beaucoup en vitesse… Olivier s’échappe au loin…
En plus on se prend des algues dans les safrans qui nous freinent… on galère avec notre « chasse algue » … pour la transat il nous faut des petites caméras sous-marines pour voir les algues prises dans la quille et les safrans…et un chasse-algue de compétition. On veut le même que Fred sur BE HAPPY ! (On va le commander au père noël
La météo prévoyait du vent… on réfléchit… changer de foc maintenant va nous couter beaucoup de temps et si le vent remonte en force on va le regretter… après 10 minutes de remue-méninges, on décide de changer notre petit foc pour notre grand J2 max. J’empoigne le J2, je fonce à l’avant, on doit virer (grr…) pour faire envoyer le nouveau foc « à l’intérieur » de l’ancien et limiter le temps perdu. On revire pour affaler l’ancien, je suis en nage mais la manœuvre s’est bien passée. On a perdu beaucoup de temps et des mètres mais c’est un bon investissement. On va beaucoup plus vite et on remonte sur Olivier.
Pendant ce temps les gros bateaux partis après nous et ceux que nous avions distancés avec notre super départ du matin, commencent à faire parler leur puissance et leur taille et nous dépassent. La course de l’Ar Men est ouverte à tout type de bateau. Notre bateau OSE (36 pieds, 10,8m se situe dans les « moyens petits ». C’est normal de se faire dépasser et il y a un classement «compensé» qui tient compte de la taille de chaque bateau pour refaire un temps calculé qui donnera le classement final.
Avec notre J2 max, on va vite et on revient sur Olivier.
On est dans le jardin de Tangi (Lorientais de naissance de cœur et d’âme) qui connait toute la côte au millimètre.
On décide de longer l’ile de Groix et on tire des bords « au milieu des cailloux » et sous les petites falaises de Groix.
Très bon choix, on gagne des mètres et on croise Olivier à 10m…
We are BACK !
On contourne Groix par le nord et on envoie notre grand spi bleu, le soleil de couche le ciel s’embrase et on a faim…
Je profite des bornes 4G de Groix pour capter les nouveaux fichiers GRIB météo et analyser le meilleur routage pour la longue redescente de Groix à Belle-Ile. Comme au près (mais inversé) il faut choisir le côté qui nous permet d’aller le plus vite à Belle-Ile. Olivier et quelques autres bateaux partent à droite… le routage avec Adrena nous dit d’aller à droite… bof avec Tangi on n’est pas fan…
Je lance des simulations de routage avec SAILGRIB (que je préfère) qui nous dit de rester plus au centre… Avec Tangi on décide de ne pas croiser le dévent de Groix trop vite, de se recaler au milieu et de rester plutôt à gauche en espérant que la bascule de vent à droite nous permettra de faire un « tout droit » en arrondissant par le haut. Et puis c’est la seule solution pour attaquer Olivier car si on reste côte à côte, nos 2 bateaux étant assez équivalents vont à la même vitesse donc peu d’espoir de le passer en le suivant…. Ça fait déjà 12 h qu’on le colle sans arriver à le dépasser…
On refait un petit empannage sous spi mais on se rate… le spi s’emmêle entre l’étai, la drisse de foc (que l’on n’aurait pas dû laisser à l’avant) et la balancine de tangon…. Je vois le moment que l’on va perdre le spi et tout déchirer… mais on réussit avec un peu d’habileté et beaucoup de chance de tout démêler et reprendre notre route… on va travailler les empannages pour ne plus risquer ce genre d’erreur qui peut coute très cher (en place et en euros).
La nuit arrivant, on se souvient de la règle des 3 F :
Faim
Froid
Foif !
Tangi nous prépare un petit diner à base « d’eau chaude dans poche plastique lyophilisée… » il parait que c’était un poulet au curry… avec beaucoup d’imagination… ouais c’est ça… mais ça remplit l’estomac avant la nuit. On ne va pas se plaindre, on mange presque à notre faim (ce n’est pas le cas de toute la planète)
J’ai une pensée pour les enfants dans les hôpitaux qui mangent les plateau repas… on est pareil avec le coucher de soleil en prime, alors ça nous donne la niaque ! miam miam !!! (Ma maman m’a promis de nous préparer des petits plats pour la transat… on compte sur toi maman
Pendant ce long bord sous spi j’essaye de prendre un peu de sommeil mais je ne suis pas assez fatigué, je pense à plein de trucs… le vent va évoluer comment ? Peut-on aller plus vite ? Est-on bien réglé ? Les safrans sont bien dans l’axe ? A-t-on assez d’énergie pour l’ordi toute la nuit ? comment éviter les algues de nuit…
On glisse jusqu’au sud de Belle-Île que l’on va enrouler pour la 2ème fois mais dans la nuit cette fois-ci. Nos routes convergent avec nos concurrents partis dans l’ouest et après 5 h de séparation… qui retrouve-t-on juste devant nous ?.... Olivier sur son AILLEAU encore et toujours… bref, rien gagné mais rien perdu dans notre option NORD…
En plein nuit noire le passage au bord de Belle-Ile (au plus court…) est encore plus impressionnant et magnifique. Puis on repart au près jusqu’à Groix dans un clapot haché qui nous force à trouver des nouveaux réglages pour essayer de passer plus vite sans trop taper.
Il nous manque des repères… on devrait avoir les vitesses cibles (les polaires du bateau) pour savoir si on était à 80, 90 ou 100% de notre vitesse possible… encore un truc à faire avant la transat.
On se relaye à la barre depuis le début car le pilote automatique ne marche pas aussi bien qu’un barreur humain dans cette mer. On fait des petits quarts de 2 h pour se reposer un peu en alternance.
On se promet avec Tangi de NE PAS ALLER à l’avant du bateau de nuit SEUL. Si besoin de faire la moindre petite manœuvre, même si ça parait facile, même si le vent tombe, même si whatever… ON NE VA PAS SEUL à l’avant du bateau de nuit quand l’autre DORT.
On est en forme mais il faut que l’on apprenne à s’endormir à la demande par tranches de 20 mn pour se refaire les batteries dès que l’on a un moment de calme. Fatigué ou pas il faut que l’on apprenne à prendre des forces à l’avance pour gérer les moments où l’on ne peut PAS se coucher car on doit rester sur le pont à manœuvrer, veiller les collisions, gérer la stratégie et les passages délicats… l’hypnose est sur notre liste d’apprentissage de cet hiver… avec tant d’autres choses encore….
On arrive à Groix pour la 2ème et dernière fois. A 3 h du matin la nuit est vraiment noire et c’est beau. Il reste un dernier petit bord jusqu’à l’entrée de Lorient, la ligne d’arrivée. On décide de changer encore de voile et de mettre le CODE ZERO cette fois. Encore une bonne suée et pas sûr que c’est la bonne voile (l’asymétrique aurait été mieux… décidément…)
On s’annonce sur la VHF, on passe la ligne d’arrivée il est 4 h 15. On décide de ramener directement le bateau à la Trinité pour être prêts pour les prochaines régates dans 2 semaines. On arrive à 9 h du matin, le soleil nous réchauffe, on est fatigués mais contents.
Fred, l’épouse de Tangi, nous accueille dans sa belle et grande nouvelle maison à Rennes avec un super bon déjeuner avec les succulentes frites du fiston. On se régale et on débrief pour être au top pour les prochaines régates. On a encore beaucoup de choses à améliorer….
AU FINAL : sur les 119 Bateaux (grand et petits), au classement SCRATCH toutes classes confondues nous terminons 22ème et 1er des Rochelais dont nous défendons les couleurs.
Et dans notre catégorie où, 51 bateaux inscrits (la plus fournie) nous finissons 9ème !
On est un peu déçus (on ne se refera pas…) mais ce n’est quand même pas si mal.
Demain c’est lundi… faut y aller aussi.
On continue, on AVANCE et on fait RECULER les NF !
Bises à tutti.
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